Description de Faun

Description de Faun

Cotonneux, duveteux, comme tout droit sorti d’un étrange rêve auréolé d’un soleil permanent, Faun est un monde à la magnificence presque innocente, tout de nuages et de vent, de soleil décliné en des nuances, des couleurs impensables pour un esprit humain classique.

La surface entière de ce monde est recouverte de nuages plus ou moins denses, de sorte que le sol ne soit que très difficilement visible, et qu’il soit presque impossible, sur la majeure partie des terres, de savoir de quoi il est fait. Dans cet extraordinaire paysage de plaines couleur de couchants ou d’aurores, on trouve parfois des monuments naturels tout aussi envahis de nuages et de brumes, comme d’immenses créatures fantasques et changeantes.

Ce sont dans ces hautes ‘montagnes’  que sont construites les quelques villes qu’abrite Faun, bourgades pleines de lumière, aux rues pavées d’un minéral blanc irisé ou perlé, des lanternes de verre ou de vitraux chatoyants ornant les rues, projetant des lueurs et des ombres animant des scènes de la vie courante et les transformant en rêves éveillés. Dans des jardins et des vergers suspendus poussent des plantes et des légumes aux formes aussi ondoyantes que les nuages et au jus étincelant à l’égal de celui des rivières. Peu nombreuses, elles détonnent dans cet ensemble harmonieux de couleurs et de textures changeantes, flots d’un bleu royal intense, parcourus d’étoiles d’argents tandis que des poissons ailés volètent alentour.

Et pourtant, tout n’est pas toujours frangé de rose, d’orange, de violet ou de pourpre. Parfois l’orage vient, et Faun se transforme, ondoie, pour devenir champ de foudre, danse d’immenses serpents de lumière et d’énergie, dragons éphémères dont les œufs, pierres de foudre, alimentent les défenses des villes, prélevées après la tempête par quelques braves acceptant de quitter leurs abris.

Sublime, même dans sa fureur primaire et sans comparaison, Faun déploie alors un théâtre poignant qui plonge ses créatures dans une semi-obscurité pendant des semaines, jusqu’au retour de l’azure pur et sans défaut. Alors, lorsque les orages passent, entre deux cycles, l’on peut enfin contempler les architectures sous les nuages, construites en un temps immémorial par les premiers bâtisseurs. Lorsque le vent souffle encore, mais que les éléments s’apaisent, les habitants de Faun peuvent contempler les arches délicates et aériennes, les colonnades et les gravures songeuses, rêveuses…

Et sur un quai incrusté de spinelles miroitantes, prendre l’un des navires flottants, au bois lustré et aux grandes voiles blanches, leurs pagaies comme des ailerons de quelque créature d’outre monde, pour aller contempler dans l’espace immense du ciel les danses étranges des baleines de vent. Et dans l’air ambiant monte alors le parfum des fleurs d’ivoire, au doux son tintinnabulant.